Réalisation : Séverine Hubard
Images : Simon Gillet et Hugues Gemignani
Son : Pierre Carrasco
Electro Lumière : Julien Schaferlee
Régie et régie feu : David Farine
Montage : Lou Galopa et Séverine Hubard
Production : Les films de l’Avalée avec le soutien de la région Bourgogne
Directrice de production : Catherine Siméon
Assistante réalisation : Léa Daloz
Stagiaire : Vincent
Photographes : Vincent ARBELET et Michaël CARTIER
Note d’intention : De ces deux dernières images, celle de Bernard Palissy jetant ses meubles au feu, et celle de cette assiette envahie de reptiles et d’insectes, est né mon désir de réaliser Trompe l’œil .
Les Fêtes du feu de la Saint Jean marquent le passage d’une saison à une autre.
Lors de Fallas en Espagne, défilé dans les rues, on met le feu à des constructions qui ont pris l’année à être construites.
Autant d’exemples païens qui usent du feu comme moyen d’expression
pour des cérémonies collectives. Faut-il tout brûler pour parvenir à un
renouveau ?
Dans Trompe l’oeil, la cérémonie est solitaire. En brûlant
tous ses meubles, le personnage détruit une partie de son patrimoine
(mobilier de tout le monde qui n’a finalement qu’une valeur marchande –
Mobilier que l’on rempli qui envahit nos maisons alors que c’est bien
le contenu qui compte)
L’épilogue annonce un recommencement. Des êtres vivants se déplacent dans les cendres. Tout redevient alors possible.
Cette « conclusion » inattendue est un hommage direct au travail de
céramiste de Bernard Palissy qui s’évertua à reproduire la perfection de
la nature. Mais surtout, entre la première scène et l’épilogue, il se
passe une sorte d’alchimie. Des objets inanimés se sont transformés en
êtres vivants. Finalement ce n’est pas « détruire pour reconstruire » à
la manière des modernes (le Corbusier) mais bien une transformation
d’une chose en une nouvelle. Des cendres des meubles naît un nouvel
écosystème puisqu’une écrevisse et un escargot y cohabitent .
Trompe l’oeil se réfère aussi à l’œuvre
d’Andreï Tarkovsky. D’une part parce que certains de ses films sont
structurés par des cycles (un homme âgé au début du film un enfant à la
fin) ce qui fait écho à la manière dont Trompe l’œil finit avec
un recommencement, une image d’une origine. D’autre part, pour
l’importance du feu dans ses films : La maison qui brûle dans Le miroir (1974) et celle qui brûle dans Le sacrifice (1986).
L’œuvre de Tarkovski m’a marquée. Ce sont des films qui continuent de me faire réfléchir et qui restent des énigmes.
Je voudrais que mon film soit aussi un outil de réflexion et que le spectateur, en le découvrant, s’interroge sur la nature de ses besoins et de ses désirs. Si il n’y voit que du « gâchis », tant pis. Ce film n’est pas une provocation, même s’il est susceptible de scandaliser. Le spectateur doit interpréter ce qu’il voit. Si cette destruction n’est pas un acte vain, alors quel est son sens ?